Avec la guerre en Ukraine, « le monde a révélé sa vraie nature : instable, dangereux où tout le monde n’est pas ami », constate le colonel Axel Denis, qui dirige le centre d’entraînement au combat (CENTAC) de Mailly-le-camp, dans l’est de la France.

Sur ce terrain de 120 km², plus grand que Paris, où sont déployés en permanence 20 chars Leclec, les militaires français se préparent à un conflit de haute intensité contre un ennemi capable de les égaler en puissance de feu.

Un changement de paradigme pour l’armée française plutôt habituée ces dernières décennies à mener des opérations antiterroristes ou anti-insurrectionnelles en Afrique ou en Asie, alors que  le 26 février dernier, Emmanuel Macron avait évoqué la possibilité d’envoyer des troupes en Ukraine, suscitant l’ire de nombre de pays alliés. Il a confirmé ses propos le 5 mars, invitant les Occidentaux à « ne pas être lâches ». 

« Des chars qui agissent seuls, n’agissent plus du tout »

L’invasion russe de l’Ukraine « a renforcé l’importance du combat interarmes. C’est la seule façon de combattre », explique dans ce contexte le lieutenant-colonel Vincent, chef du bureau de coordination et de pilotage du camp, au média américain Politico.

Dans cette approche, il s’agit d’éviter les attaques frontales qui causent d’énormes pertes humaines et matérielles sans parvenir efficacement à repousser l’ennemi pour privilégier la collaboration entre l’infanterie, les blindés, le génie et l’artillerie. Ces armes renseignées par les informations recueillies grâce aux nouvelles technologies, telles que les drones, fournissent en coordination une puissance meurtrière décisive sur le champ de bataille.

Les belligérants en Ukraine ont démontré qu’une armée incapable de faire travailler ensemble ses chars, son infanterie et son artillerie se met en grande difficulté. Selon les experts militaires, ni la Russie, ni l’Ukraine n’y sont parvenues. Ce qui explique leur incapacité à percer des défenses adverses bien préparées.

« Ce qui est dramatique en Ukraine, c’est que vous avez des chars qui agissent seuls, et donc n’agissent plus du tout« , résume le colonel Axel Denis