4 Septembre – Renseignement militaire : création du CAPR
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Renseignement militaire : création du CAPR
Le CAPR est le Commandement des actions dans la profondeur et du renseignement. Avec ses trois brigades, ce commandement Alpha doit accroître la capacité de l’armée de Terre de combat à détecter, façonner et neutraliser l’adversaire, dans la profondeur du territoire ennemi.
La création du CAPR
La cérémonie de création du commandement des actions dans la profondeur et du renseignement (CAPR) s’est déroulée à Strasbourg le 4 septembre 2024. Comme tous les commandements alpha créés en 2024, le CAPR prépare l’engagement d’une partie des appuis des corps d’armée et divisions : les appuis renseignement, aérocombat et artillerie. Il est aussi responsable d’augmenter l’efficacité de l’armée de Terre dans un secteur du champ de bataille : la profondeur.
Dans un contexte de retour de la haute intensité, le commandement des actions dans la profondeur et du renseignement :
- développe la capacité de toute l’armée de Terre à agir dans la profondeur (de 30 à 500 km) face à un ennemi puissant, par l’organisation d’exercices opérationnels avec la participation de l’armée de l’Air et de l’Espace, de la Marine nationale et d’armées alliées. ;
- contribue au recueil et fournit le renseignement de l’armée de Terre ;
- prépare ses brigades spécialisées (4e BAC, 19e BART et BRCE) à être engagées en appui de corps d’armées ou de divisions, à des fins de renseignement et de destruction de l’adversaire.
- Le CAPR comporte un état-major, le centre de renseignement Terre (CRT), la 4e brigade d’aérocombat (4e BAC), la 19e brigade d’artillerie (19e BART) ainsi que la brigade de renseignement et de cyber électronique (BRCE).
Qu’est-ce que le renseignement militaire ?
Le renseignement militaire est une action de recueil, de traitement et d’analyse de l’information destinée, d’une part, à évaluer les menaces qui pourraient empêcher le commandement de remplir sa mission et, d’autre part, à déterminer les objectifs adverses à neutraliser pour être victorieux.
Brigade de renseignement et cyber-électronique (BRCE)
Au sein du commandement des actions dans la profondeur et du renseignement (CAPR), la brigade de renseignement et cyber-électronique (BRCE) assure une double mission, en synergie avec la 4e BAC et la 19e BART :
- commander des unités de renseignement spécialisées capables d’identifier les menaces que fait peser l’ennemi sur le dispositif ami ainsi que mener des attaques dans le domaine de la guerre électronique ;
- identifier, localiser et désigner les cibles prioritaires en faisant effort dans la profondeur du dispositif adverse.
La BRCE doit relever 2 défis majeurs pour la collecte et la transmission de l’information et du renseignement :
- acquérir du renseignement dans la grande profondeur du dispositif ennemi, parfois jusqu’à 500 km, sur des objectifs tels que la défense sol-air, l’artillerie longue portée, les plots logistiques, les postes de commandement, etc…. Cela demande à la fois des capacités d’infiltration, de dissimulation, de « survie » mais aussi de transmission de donnée à longue distance, sans être détecté. Il lui faut aussi, depuis la zone arrière, détecter, intercepter et localiser les communications de l’ennemi qui possède aussi des moyens de brouillage, de déception et de leurrage.
- accélérer la boucle renseignement – feux, c’est-à-dire raccourcir le délai entre l’acquisition d’un objectif, la prise de décision et le traitement de celui-ci par les moyens de feux de la 4e BAC ou de la 19e BART, voire ceux de l’armée de l’Air et de l’Espace.
Dans le cadre d’un engagement en haute intensité, la menace électronique serait avérée : une des missions de la BRCE consiste donc à s’en prémunir, voir la neutraliser.
La guerre électronique consiste ainsi à rechercher, recueillir, analyser et exploiter les signaux électromagnétiques tout en empêchant l’ennemi d’atteindre les systèmes d’information opérationnels et de commandement français. Ainsi, limitation des émissions, brouillage, déception et hybridation des réseaux sont autant de moyens mis en œuvre par les unités de la BRCE.
4e brigade d’aérocombat (4e BAC)
Créée le 5 juillet 2023, la 4e brigade d’aérocombat est composée de 3 régiments d’hélicoptères de combat (1er RHC, 3e RHC et 5e RHC) et d’un régiment de soutien aéromobile (9e RSAM).
Son contrat opérationnel : être en mesure d’engager, en haute intensité, une brigade composée de 2 groupements aéromobiles mixtes (hélicoptères de reconnaissance et d’attaque, ou HRA, et hélicoptères de manœuvre et d’assaut, ou HMA) à 32 hélicoptères chacun.
Sous la protection et en complémentarité d’autres capacités (feux longue portée, chasse, drones), la 4e BAC est en mesure de contribuer à des actions préalables de brêchage visant à contrer, au moins temporairement, le système de défense sol-air ennemi. Elle peut aussi désorganiser dans la profondeur le dispositif ennemi par la destruction d’objectifs-clés (postes de commandement, défense sol-air ou encore logistique). Elle peut enfin contribuer à affaiblir les capacités de combat clés de l’ennemi, afin de permettre aux unités amies de s’engager dans les meilleures conditions.
Les enjeux actuels de la 4e BAC portent sur le raccourcissement de la boucle renseignement – feux, le développement de la complémentarité entre hélicoptères et drones et l’accroissement de son autonomie propre, en particulier en matière de logistique opérationnelle.
Qu’est-ce que la boucle renseignement-feux ?
On parle d’accélération de la boucle renseignement-feux, c’est-à-dire de raccourcir le délai entre l’acquisition d’un objectif, la prise de décision et le traitement de celui-ci par des moyens de frappe.
19e brigade d’artillerie (19e BART)
En complémentarité avec la 4e BAC et la BRCE, la 19e brigade d’artillerie (19e BART) contribue directement à l’acquisition du renseignement dans la profondeur du dispositif ennemi pour localiser les cibles à haute valeur ajoutée et les traiter en fonction des effets tactiques et opératifs recherchés.
Elle assure le commandement et veille à la préparation opérationnelle des unités suivantes :
- Le 1er régiment d’artillerie (1er RA), seul régiment à disposer des capacités d’appui feux longue portée et d’acquisition dédiée notamment à la contre-batterie ;
- Le 54e régiment d’artillerie (54e RA), régiment spécialisé dans la défense sol-air et la coordination dans la 3e dimension ;
- Le 61e régiment d’artillerie (61e RA), régiment de drones tactiques de l’armée de Terre ;
- L’école des drones (EDD), centre d’expertise et de formation des pilotes et des instructeurs drones de l’armée de Terre.
La 19e brigade d’artillerie met en œuvre un large panel de moyens d’acquisition et de renseignement qui combinent l’acquisition d’origine technologique et humaine. Les systèmes de drones tactiques (SDT Patroller) offrent la capacité d’agir dans la profondeur et dans les zones lacunaires en complément des moyens humains, tels que les détachements d’acquisition dans la profondeur (DAP). Les radars d’acquisition (NC40), les centres de management de la 3e dimension (CMD3D) assurent eux une capacité d’identification des aéronefs adverses et une maîtrise des combattants amis dans la 3e dimension pour coordonner leurs actions.
Les enjeux, pour la 19e brigade d’artillerie, sont de raccourcir la boucle renseignement – feux, par des exercices majeurs et une refonte du système de commandement des feux, et d’entretenir l’interopérabilité de ses unités avec des armées alliées incontournables en haute intensité.
L’armée de réserve : un appui de spécialistes au cœur du renseignement
Créé en 2024, le bataillon de renseignement de réservistes spécialistes (B2RS) apporte une capacité nouvelle de recherche en sources ouvertes (OSINT), c’est-à-dire sur l’ensemble des informations disponibles via les réseaux sociaux, Internet et toutes les ressources numériques librement accessibles.
Le B2RS recrute principalement des étudiants spécialisés en géopolitique, géographie ou encore sciences numériques, qui souhaitent mettre leurs compétences au service de la Nation. La première compagnie est implantée à Strasbourg. A terme, d’autres compagnies seront progressivement créées dans d’autres villes universitaires afin d’augmenter la capacité d’analyse de l’armée de Terre en sources ouvertes.
Perspectives pour le CAPR
En tant que commandement Alpha, le CAPR doit contribuer à améliorer l’efficacité opérationnelle de l’armée de Terre. Pour cela, il poursuit plusieurs objectifs :
- accélérer la boucle renseignement – feu, par l’amélioration des moyens de détection et de transmission et le raccourcissement des procédures de validation de tir ;
- limiter la ségrégation des intervenants dans la 3D, en n’octroyant à chacun d’entre eux que les volumes aériens strictement nécessaires ;
- assurer la transmission et la transposition du renseignement de niveau stratégique en renseignement tactique ;
- accroître l’interopérabilité de ses unités, à la fois en interarmées et en interalliés.
En 2025, l’exercice DIODORE permettra au CAPR d’entraîner ses unités dans chacun de ses domaines, au service d’une seule finalité : assurer à l’armée de Terre de combat des appuis renseignement, artillerie et aérocombat aptes à la haute intensité.