MINARM: Les Journées de la cavalerie célébrées par le CEMAT

16 Octobre 2025

 

Les Journées de la cavalerie célébrées par le CEMAT

Direction : Terre / Publié le : 16 octobre 2025

Le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill a rendu hommage aux cavaliers lors des Journées de la cavalerie. 

 

 

 

 

 

Une arme en évolution face aux défis modernes

À l’heure où les technologies modernes transforment les modes de combat, la cavalerie conserve une place essentielle au sein de l’armée de Terre. Héritière d’une longue tradition, elle incarne l’unité et la cohésion nécessaires à la réussite des missions. Ses équipages, du renseignement aux blindés, illustrent la complémentarité des forces au service du combat. 

Les Journées de la cavalerie rappellent l’importance de ces valeurs communes qui unissent les soldats au-delà des spécialités. Face aux mutations de la guerre, la cavalerie continue d’évoluer pour répondre aux exigences du temps. Elle demeure une arme d’audace, d’adaptation et de fraternité. Cette commémoration rend hommage à ceux qui perpétuent cet esprit et contribuent à la force collective de l’armée de Terre.

 

L’ordre du jour du CEMAT lors des Journées de la cavalerie. 

 

Visualiser le discours du CEMAT

A Paris, le 5 octobre 2025

ORDRE DU JOUR N° 81

Officiers, sous-officiers, brigadiers-chefs,
brigadiers, trompettes et cavaliers,

A l’heure des drones, de la transparence du champ de bataille, des prises de gages au seuil de
l’affrontement, et de la guerre des récits, célébrer la cavalerie, ses charges et ses équipages blindés peut
sembler anachronique. Alors que l’armée de Terre de combat donne la primauté aux brigades comme
échelon tactique de référence, distinguer la cavalerie comme une entité à part serait une faute. Il existe
pourtant une unité propre à la cavalerie, celle de valeurs communes qui agrègent, du renseignement à la
décision, des paras aux chars. En ces journées nationales de la cavalerie, nous commémorons un héritage,
nous entretenons surtout une force : celle de l’unité, née de valeurs partagées, qui donne un sens au
combat et rend la victoire possible.

Aux côtés de l’esprit de corps, de la considération et de la complémentarité, l’unité est l’une des facettes
de la fraternité d’armes que j’exhorte l’armée de Terre à cultiver. Parfois à rebours d’une
société « archipélisée », l’armée de Terre rassemble plutôt qu’elle ne distingue ; elle fait primer le
collectif sur l’individu. Face au repli, aux divisions, à l’indifférence, les soldats rappellent que la force
du groupe se forge dans son unité. Une unité qui repose sur le socle de valeurs partagées. Ce socle est
nécessaire et suffisant. Il est nécessaire car il représente le creuset de la Nation, de son armée. Il est celui
de la devise de notre pays : « liberté, égalité, fraternité ». Pour le soldat, il se décline en code d’honneur.
Comme le rappelle le code du soldat : « Membre d’une communauté soudée par l’esprit de corps, je
respecte tous mes frères d’armes ». Soldat, tu ne choisis pas ton frère.

A la différence de la cohésion qui s’exerce sur un périmètre choisi, l’unité naît dans un collectif consenti.
La cavalerie illustre cette exigence : le cavalier ne choisit ni son équipage, ni son peloton, mais il
reconnaît en chacun un camarade de combat, quelles que soient ses origines, ses opinions, ses expériences
passées. Pour Faire unité, il ne peut être imposé ni références, ni solidarités extérieures : philosophie,
religion, opinion, ethnie. Les poisons de la fraternité d’armes sont le prosélytisme et le communautarisme.
L’état militaire exige la réserve et l’élève au niveau d’un devoir. La laïcité en est l’instrument : elle
n’éteint ni les convictions ni les consciences, mais refuse toute subordination à une communauté autre
que l’unité militaire. Elle protège la cohésion et assure à chacun le même horizon. Tenir la ligne de crête
entre expression personnelle et primauté de l’unité est une exigence collective. Émanation de la Nation,
l’armée de Terre reflète sa diversité mais refuse l’individualisation. Elle n’exclut pas, elle unit pour
vaincre.

Sur ce socle, chaque équipage, chaque peloton, chaque escadron devient une unité de combat où chacun
tient sa place au service de la mission commune.

La cavalerie est l’arme de la vitesse et de l’audace. Elle s’adaptera aux défis du temps pour remplir ses
missions : ses équipes de recherche, ses commandos, ses pelotons innoveront et s’adapteront aux
exigences du combat moderne. La fraternité d’armes sera le supplément de force qui lui garantira la
victoire.

Cet univers dans lequel l’unité prime sur les singularités, où la victoire est supérieure à l’effort consenti
pour l’obtenir, est celui que quitte aujourd’hui le général de corps d’armée Hubert Cottereau.
Mon Général, votre vie d’officier est à l’image de la finalité de notre métier : gagner la guerre. Vous avez
incarné cet esprit guerrier au sens noble, tendu vers le résultat, dans vos responsabilités de chef tactique
en régiment jusqu’aux sphères politico-militaires au Quai d’Orsay. Depuis vos premières armes au 4e
régiment de Dragons, puis au 1er Spahis, et en commandant le 2e régiment de Hussards, vous avez
marqué vos subordonnés par votre culture opérationnelle, de la Bosnie-Herzégovine à l’Afghanistan, du
Kosovo au Liban. Cette intelligence de la mission, cher au cavalier, a suscité l’admiration et le profond
respect de vos chefs et de vos subordonnés en France comme à l’étranger. Stratège et praticien de l’art
opératif, vous avez forgé et employé de redoutables outils de combat : au sein de la MINUSMA au Mali,
à la tête de l’opération ALTHEA, en Bosnie, avant de marquer l’empreinte de la France et de son armée
dans les enceintes internationales. Général adjoint de la 3e division d’infanterie américaine, vous avez
expérimenté le commandement du corps d’armée et certifié les divisions alliées. Vous avez inscrit le
savoir-faire français au cœur du partenariat transatlantique, renforçant l’interopérabilité avec cet allié.
Commandant ensuite la 3e division à Marseille, vous l’avez engagée dans une transformation ambitieuse,
combinant innovation doctrinale et rigueur opérationnelle. Vous avez renforcé son aptitude au combat.
Dans l’OTAN, vous vous êtes distingué aux yeux des nations et des chefs de l’Alliance comme vice-chef
d’état-major du commandement suprême des puissances alliées en Europe où vous avez transformé une
instance de direction organique multinationale en poste de commandement militaire opérationnel. Nous
saluons aujourd’hui un meneur d’hommes : exigeant et bienveillant, loyal envers tous, d’une probité
incontestée. Vous avez fait grandir les unités en y ajoutant ce supplément d’âme qui est la marque des
grands chefs. Vous leur laissez l’exemple d’un chef humain et généreux, entièrement dévoué à son métier
et au service de son pays.

Je salue votre épouse Brigitte et vos enfants qui vous ont accompagné tout au long de votre engagement
et qui retrouvent aujourd’hui un mari et un père délié de son obligation de disponibilité au service de la
France, même s’ils savent que vous continuerez de servir autrement. Cher Hubert, la cavalerie et l’armée
de Terre vous disent leur reconnaissance. En mon nom personnel, je vous remercie pour l’exemple donné.
Au nom de l’armée de Terre, je vous exprime, ainsi qu’à votre famille notre profonde gratitude.

Général d’armée Pierre Schill