FOB: Ce que le budget 2026 annonce pour l’équipement de l’armée de Terre

17 Octobre 2025

 

Ce que le budget 2026 annonce pour l’équipement de l’armée de Terre

 
 
 

 

De SCORPION aux stocks de munitions et de la lutte anti-drones à l’artillerie, retour sur ce que promet le projet de loi de finances pour 2026 en matière d’équipement des forces terrestres. Un texte dont l’adoption tel quel et en temps et en heure reste néanmoins sujette à caution. 

Aucun changement à l’horizon pour le prochain budget des armées, du moins pour l’instant. Le cap fixé dans le PLF 2026 publié hier reste fixé à 57,1 Md€ hors pensions. À la marche de 3,2 Md€ prévue en loi de programmation militaire vient s’ajouter une sur-marche de 3,5 Md€ conforme aux annonces présidentielles de juillet dernier. Le texte doit bien entendu encore être discuté et adopté, mais l’enveloppe promise devrait permettre de maintenir les efforts prioritaires consentis dans plusieurs domaines, à commencer par les drones, la défense sol-air, les munitions et l’espace. Le seul volet capacitaire bénéficiera ainsi d’une hausse de 3,3 Md€ au titre des programmes à effet majeur (PEM). 

En attendant les premières sorties ministérielles, tour d’horizon – à chaud – de ce qui attend l’armée de Terre sur le plan capacitaire. L’année 2026 permettra avant tout de progresser dans les grands programmes lancés de longue date. Effort principal, SCORPION se poursuivra avec la livraison de 242 véhicules : 30 Jaguar, 122 Griffon, 20 Griffon MEPAC et 70 Serval. S’y ajouteront quatre hélicoptères, NH90 TTH, 21 chars Leclerc XLR et 120 Serval au titre du segment haut du programme de véhicule léger tactique polyvalent (VLTP).

Côté commandes, l’enveloppe permettra d’acquérir les 97 derniers Serval prévus via SCORPION ainsi que 260 autres via VLTP-P segment haut, opération dans laquelle s’inscrit le développement de deux nouvelles version non détaillées. Côté munitions et équipements individuels, le PLF prévoit l’acquisition de nouveaux lots de roquettes AT4 F2, d’obus de mortier de 81 mm, d’optroniques du combattant, ou encore de 7600 réducteurs de signatures. Le soutien n’est pas oublié, les armées prévoyant d’acter une nouvelle tranche 70 camions citernes de nouvelle génération et les premiers ensemble portes-blindés de nouvelle génération.

Voilà pour les principaux « événements ». Le tout reste soumis à l’aval parlementaire ainsi qu’aux ajustements budgétaires et autres aléas programmatiques rencontrés en cours d’année. Aucune annuité n’échappe aux bonnes et moins bonnes nouvelles, comme le démontre à son tour le PLF 2026. L’un des écueils mentionnés ? Le décalage à 2026 de la prochaine étape du programme de « frappe longue portée terrestre » (FLP-T), renommée « successeur LRU » l’an dernier. Un décalage que le ministère explique par « la mise en suspens de la décision de lancement du programme entre mars 2024 et septembre 2024 ». Quelque 315 M€ lui seraient cependant affectés en 2026, année durant laquelle un successeur doit théoriquement être sélectionné. 

La bonne nouvelle ? La mention, à 50 reprises pour le seul programme 146, de mesures dites de « réarmement » visant à accélérer certains calendriers, muscler certains stocks ou rehausser certaines cibles. L’effort semble traduire en actes la sur-marche financière octroyée à la veille du 14 juillet. « Face à l’évolution rapide de l’environnement géostratégique, les réflexions menées en 2025 dans le cadre des travaux d’ajustement de la programmation militaire et d’accélération du réarmement vont permettre d’améliorer la cohérence de la LPM et de renforcer l’équipement des forces pour être prêt à un engagement au plus tôt, tout en développant les capacités futures indispensables au maintien de leur supériorité opérationnelle », explique à ce titre le ministère des Armées. 

Entre autres projets concernés, un rétrofit « accéléré » des viseurs du char Leclerc, une ligne de 110 M€ fléchée vers le missile antichar Akeron MP et la rénovation à venir de 110 VBCI dont le contenu sera défini au lancement du programme. La trajectoire vient par ailleurs soutenir la commande de 24 Serval de lutte anti-drones (LAD) supplémentaires pour porter la cible à 48 unités, quand la LPM avait fixé l’objectif à « au moins 40 » à horizon 2035. 

L’inflexion porte à plusieurs reprises sur le renforcement de l’artillerie. Une augmentation de la cible de canons CAESAR NG, pour l’instant fixée à 109 pièces, est ainsi envisagée grâce à cette enveloppe supplémentaire. Elle s’accompagne de la modernisation de la chaîne des feux via la refonte du logiciel ATLAS et d’une affectation venant soutenir le développement des capacités de production de munitions de 155 mm et leur livraison dans la durée. Et ainsi de suite non seulement pour d’autres armes et spécialités du domaine terrestre, mais aussi pour les autres armées. 

Quelques programmes orientés en tout ou en partie vers l’armée de Terre devraient être amorcés l’an prochain. C’est le cas d’une opération dédiée à l’approvisionnement en munitions de petits calibres (MPC) pour lequel une première ligne de 80 M€ est envisagée. Le PLF 2026 prévoit, enfin, la création d’une opération baptisée « missile balistique terrestre », une capacité de frappe dans la (très grande) profondeur dont l’armée de Terre reste effectivement dépourvue. Le document n’en dit pas plus, hormis la volonté d’y allouer une première ligne de 1 Md€ en autorisations d’engagement dont 900 M€ théoriquement abondés l’an prochain.